
Des œuvres inspirées par les mathématiques
La commune d'Amilly (Loiret) a rénové d'anciennes tanneries au bord du Loing pour en faire un centre d'art contemporain. Outre des salles d'exposition, une école recevra des stagiaires suivant des études artistiques. À l'étage, la première exposition, jusqu'au 12 mars prochain, intitulée « Histoire de formes », consacre une large part à des œuvres en lien avec les mathématiques. La géométrie est le premier thème d'inspiration des différents artistes ; on peut en particulier admirer la toile Carré dévoyé de Vera Molnar (2001). La courbe de Gauss est également à l'honneur, avec une double approche aléatoire, où d'innombrables tracés font penser aux cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau. Le nombre est également présent avec une œuvre du regretté François Morellet, fasciné par le nombre π.
Vera Molnar : des algorithmes esthétiques
La force de Vera Molnar est son ouverture d'esprit et sa recherche permanente de nouvelles méthodes pour faire évoluer l'art pictural. Née à Budapest en 1924, elle suit une formation à l'École des beaux-arts de la capitale hongroise avant de s'installer à Paris en 1947. Inspirée par Mondrian et Malevitch, elle s'appuie sur les mathématiques pour créer des formes nouvelles et les faire évoluer. Dès les années soixante, elle comprend la potentialité que lui offre l'informatique, qui permet, selon ses termes, « de se libérer d'un héritage classique sclérosé ». En particulier, elle s'attache à définir des algorithmes de construction de formes, comme dans son œuvre Promenade (presque) aléatoire. Partant de figures mathématiques simples, comme un carré ou une droite, elle les modifie progressivement pour aboutir à des formes surprenantes à la frontière de l'ordre et du désordre.
Vera Molnar ne travaille pas seule : elle est à l'origine de plusieurs groupes de réflexion sur l'art visuel. Ses rencontres avec divers artistes, en particulier François Morellet, lui permettent d'évoluer constamment.
François Morellet, maître de l'abstraction géométrique
Sur le tableau π-color n°1=1=20°, 200 décimales de François Morellet, la ligne brisée tourne d'un angle, exprimé en degré, de vingt fois le chiffre de la décimale, alternant virage à droite et à gauche.
Le 10 mai dernier s'éteignait à Cholet, sa ville natale, l'artiste François Morellet, à l'âge de 90 ans. Ce peintre, après une courte période figurative, se tourne résolument vers l'abstraction dès le début des années 1950. Influencé par Mondrian, il s'inspire de formes géométriques très simples comme la droite, le triangle, le cercle ou le carré, qu'il travaille avec une progression simple et clairement définie. Dans les années 1970, il pousse encore plus loin son penchant minimaliste et introduit le hasard dans ses toiles. Il produit en particulier diverses œuvres ayant pour thème « des lignes au hazard » (sic. !).
Pour concevoir ses œuvres, Morellet fait preuve d'une grande rigueur d'où jaillit de l'espièglerie, voire de l'impertinence, le tout avec une liberté tant dans le choix des thèmes que de leur développement. Poussant plus loin son intérêt pour les mathématiques, le nombre π devient un thème de recherche dans un cycle intitulé « Les déclinaisons de π ».
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