
Test d'urine collectif pour économiser des bandelettes (et du temps)
Dans les années 1960, dans certains centres de sélection de l'armée, on avait mis en place des tests collectifs pour des raisons d'économie. On formait des groupes de huit garçons pour subir des tests médicaux qui devaient décider de leur aptitude. Après les mesures physiques (taille, poids, acuité visuelle, etc.) chacun se voyait attribuer un petit flacon à remplir aux toilettes. L'infirmier prenait alors environ un centimètre cube de chaque flacon et mélangeait le tout dans un seul tube à essai.
Il trempait une bandelette dans le tube et attendait la réaction pendant une minute environ.
En cas de résultat négatif, il jetait le tout, certain que le résultat était valable pour chacun des huit garçons. Dans ce cas là, on utilise une seule bandelette au lieu de huit ; le gain est clairement important. Mais, si le test est positif, comment faire ? Une idée simple est de subdiviser les flacons en deux groupes de quatre et de tester chaque groupe, ce qui demande deux bandelettes et on continue sur le (ou les) groupe positif. On détermine ainsi, en général, un groupe de deux positifs, on teste alors ces deux séparément. En tout, s'il n'y a qu'une personne positive parmi les huit, on utilise six bandelettes. Si le test pour le groupe initial de huit est négatif, on utilise ainsi une seule bandelette sinon,
six bandelettes. Si la probabilité qu'une personne soit positive est égale à 5 ‰, un groupe de huit contient au moins un individu positif avec une probabilité de 1 – 0,9958 soit un peu moins de 4 %. Sur cent groupes, en moyenne 96 utilisent une seule bandelette et 4 en utilisent six. En tout, cela fait 120 bandelettes pour 800 personnes soit trois pour vingt. Le gain justifie la méthode utilisée.
150 000 personnes porteuses du virus du sida… dont 20 000 l'ignorent
Régulièrement, les médias livrent des chiffres étranges sans la moindre explication, preuve sans doute du côté magique qui leur est attribué. Ils ont pourtant de quoi étonner les personnes éprises de rationalité ! Par exemple, le 1er décembre 2015, les actualités contenaient cette nouvelle, répétée mais non commentée :
en France, 150 000 personnes sont porteuses du virus du sida, dont 20 000 l'ignorent.
Pour les 130 000 qui le savent, on comprend bien mais pour les 20 000 autres,
comment le sait-on si eux-mêmes l'ignorent ?
Comment peut-on faire une telle estimation ? L'idée est d'effectuer des recoupements. Le principe du calcul est le suivant : chaque année, on diagnostique de nouveaux cas de sida en France, environ 1 500. Un certain nombre des malades concernés connaissaient sans doute leur séropositivité et d'autres non. Grosso modo, l'idée du calcul est là ! Environ 200 ne savaient pas qu'ils étaient déjà infectés et l'ont découvert au moment du diagnostic de la maladie. Il est donc légitime d'estimer que pour 1 300 séropositifs connus, il en existe 200 inconnus. Donc, pour 130 000 connus, 20 000 qui l'ignorent. Bien sûr, le modèle est plus raffiné que cela car certains milieux sont plus conscients du danger de cette maladie que d'autres et pratiquent les tests plus volontiers. Les taux entre connus et inconnus diffèrent alors selon le milieu. Dans tous les cas, à défaut d'un vaccin, l'idéal pour enrayer l'épidémie et mieux soigner les malades est d'obtenir une diminution de ce nombre d'ignorants. Pour finir sur une bonne nouvelle, cette diminution semble en bonne voie car, voici 5 ans, si le nombre de séropositifs était le même, celui de ceux qui l'ignoraient était le double : 150 000 personnes étaient porteuses du virus dont 40 000 l'ignoraient. Souhaitons malgré tout que ce progrès aboutisse à une régression de l'épidémie. Ce n'est pas encore gagné !
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