
L'astrologie occidentale est apparue 3000 ans avant notre ère en Mésopotamie. Les prêtres y sont chargés de surveiller le ciel afin d'avertir le souverain en cas de mauvais présage. À force de le scruter, ils finissent par établir le cycle des éclipses et à identifier quelques planètes, qu'ils placent chacune sous la tutelle d'une divinité. Ces recherches sur le positionnement des astres ne sont rendues possibles que grâce à des calculs développés par les Babyloniens, en particulier dans le domaine des angles.
L'astrologie dans l'Antiquité
À la suite des conquêtes d'Alexandre, l'observation du ciel est adoptée par les Grecs de l'époque hellénistique, mais ceux-ci préfèrent honorer les dieux de l'Olympe. Alors qu'à Babylone les prédictions concernaient la collectivité ou le roi qui la personnifiait, eux mettent à l'honneur les horoscopes individuels.
Au IIe siècle de notre ère, Claude Ptolémée rédige un ouvrage d'astrologie, Tetrabiblos (francisé en Tétrabible), dans lequel il reprend toutes les connaissances et surtout croyances de l'époque. Il y différencie l'astrologie naturelle (de nos jours on parle d'astronomie), qui étudie le mouvement des astres, de l'astrologie judiciaire, qui règle l'avenir des hommes. À une époque où les lois physiques sont inconnues, le fait d'attribuer aux astres une influence sur notre vie n'a comme alternative que celle d'en rendre les dieux responsables. Cependant, les calculs opérés semblent si complexes que l'on désignera longtemps un astrologue sous le terme de mathematicus.
L'arrivée du christianisme donne un coup d'arrêt à l'astrologie. Les pères de l'Église, en particulier Saint Augustin, désapprouvent le fait qu'elle puisse fixer l'avenir des individus, limitant ainsi la puissance de Dieu et exonérant l'homme de ses péchés. L'astrologie ne disparaîtra cependant jamais totalement et reprendra de l'importance peu après l'an mil ; elle entrera même dans l'enseignement des universités, sans être franchement séparée de l'astronomie.
Des savants astrologues
À la Renaissance, on recherche chez les Anciens les méthodes de raisonnements ; on reprend les différentes théories d'explication du monde. Il ne faut pas croire cependant, que par un coup de baguette magique, on est passé de l'obscurantisme à la lumière…
Nicolas Copernic (1473-1543), le père de l'héliocentrisme, avait incontestablement appris l'astrologie, indispensable à l'époque pour suivre des études de médecine. Cependant, les historiens n'ont jamais découvert un seul horoscope de ce savant. Étant chanoine, il n'avait pas de souci d'argent, au contraire d'autres scientifiques de son temps qui établissaient des horoscopes pour s'assurer un revenu ! Ce qui n'empêchait pas certains de douter du sérieux de cette discipline…
De nombreux astrologues célèbres ont établi des prévisions qui se sont révélées de véritables fiascos. L'astrologue Johannes Stöffler (1452-1531) prophétise en 1499 le déluge pour février 1524, date de conjonction de Mars, Jupiter et Saturne sous le signe « humide » des Poissons. Cette prédiction, vivement relayée par les almanachs, cause la panique : des crédules vendent leurs terres à vil prix pour acheter des bateaux, un bon docteur de Toulouse fait une arche, le margrave du Brandebourg se réfugie dans les hauteurs… En février, rien n'arrive… « Jamais mois ne fut plus sec ! » s'esclaffera plus tard Voltaire.
Le célèbre astronome danois Tycho Brahe (1546–1601) est le dernier astronome à travailler avant l'arrivée du télescope. On lui doit d'innombrables observations du mouvement des astres, enregistrées avec soin. Il aime l'astrologie et gaspille beaucoup d'énergie à dresser des horoscopes : « Le Soleil, la Lune et les étoiles auraient suffi pour diviser le temps et décorer les cieux, les planètes doivent avoir été créées pour une autre raison, celle de prédire le futur. » En 1566, il annonce la mort de Soliman le Magnifique, sultan de l'Empire ottoman, pour l'éclipse de lune du 28 octobre 1566. En fait, le sultan, qui guerroyait en Hongrie, était déjà mort, le 5 ou 6 septembre, mais son entourage avait dissimulé son décès pour ne pas décourager ses troupes !
Il n'échappe certes pas à Tycho Brahe que les prédictions des astrologues s'avèrent très souvent fausses, mais il s'en prend à eux et non à la discipline, qu'il rêve de débarrasser « de l'erreur et de la superstition, afin d'obtenir un meilleur accord entre elle et l'expérience ».
Avec Kepler, tout en croyant encore à l'astrologie, on commence à établir une séparation nette entre ce qui est du ressort de la science et ce qui tient de croyances non fondées. Il transforme les mesures de Tycho Brahe en lois qui régissent les mouvements planétaires. Pourtant, toute sa vie, il reste persuadé de l'influence des astres, en particulier l'existence de forces invisibles.
La fin de l'astrologie « scientifique »
Galilée est considéré comme le père de la science expérimentale. Né sept ans avant Kepler, il est comme lui élevé dans un monde baigné dans la croyance de l'influence des astres. Pour faire face à ses difficultés financières, il effectue de nombreux horoscopes au point de mécontenter, déjà, les autorités religieuses. Il évolue par la suite et se met à douter. L'invention du télescope n'y est certainement pas étrangère. Elle fera faire des progrès spectaculaires à l'astronomie et donnera à la vision du ciel un aspect plus réaliste. Cette méfiance lui vaut même de refuser l'idée de Kepler selon laquelle la Lune aurait une influence sur les marées. Il rétorque en effet : « Kepler m'étonne car il a donné son assentiment à une emprise de la Lune sur l'eau, des propriétés occultes et autres enfantillages du même genre. » Cependant, son procès et sa rétractation face à l'Église ont fait de lui un symbole, en 1633, du savant moderne.
On retrouve la même ambigüité chez Descartes. En 1637, il publie le Discours de la méthode. On peut être surpris de savoir qu'il raconte que la genèse de sa doctrine lui est apparue au cours de rêves exaltants, faits dans un poêle, dans lesquels elle lui aurait été révélée. C'est paradoxal de voir le parangon du rationalisme expliquer l'origine de sa méthode par un épisode aussi mystique !
L'histoire a bien justement valorisé la position moderne de ces deux savants qui ouvrent la voie de la démarche scientifique, l'un en montrant l'importance de l'expérimentation et l'autre la méthode intellectuelle à poursuivre. Ce nouvel état d'esprit a permis de nombreuses avancées tant en mathématiques qu'en physique, et la découverte par Newton des lois de la gravitation universelle arrive dans un monde scientifique prêt à la recevoir. En un demi-siècle, l'astrologie a été bannie du monde scientifique et plus aucun savant ne lui donnera un quelconque crédit. Cela ne l'empêche pas de perdurer jusqu'à nos jours, portée par des obscurantistes ou des charlatans.
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