IA et fusion de données au service des matériaux innovants
En 2014, un physicien (Johann Foucher), un informaticien (Aurélien Labrosse) et un mathématicien (Alexandre Dervillé) ont fondé l’entreprise Pollen Metrology.
Leur objectif : développer une technologie suffisamment générique, à partir de métrologie et d’analyse de données parfois confidentielles fournies par leurs clients pour proposer, dans tout domaine industriel développant des matériaux innovants (semi-conducteurs, impression 3D, cosmétiques, bâtiment, transport…) des solutions optimales et économiquement intéressantes. La difficulté réside aussi dans le fait que les groupes établis depuis longtemps comme Intel ou Samsung possèdent des développements internes, parfois anciens, avec lesquels il faut être compatible.
La startup, qui emploie aujourd’hui vingt-cinq personnes, dont huit spécialistes de mathématiques appliquées, a « levé » 2 millions d’euros en 2017. Elle s’est fixé l’objectif de compléter ses besoins avec un nouvel investissement de 6 à 8 millions supplémentaires d’ici un an. Ses clients sont répartis dans le monde entier, des États-Unis à l’Inde et au Japon.
Avec eux, les maths servent à optimiser le choix des bons matériaux.
Leur site : pollen-metrology.com
À votre santé !
La santé, les lecteurs de Tangente le savent (voir le HS 58 Mathématiques et médecine), peut bénéficier de nombreux progrès apportés par les mathématiques. Lors d’une table ronde dédiée à ce thème, plusieurs de ces apports ont été évoqués.
Lise Bellanger, maître de conférence à l’Université de Nantes est une statisticienne spécialiste de la science des données appliquée à l’environnement, à l’écologie, à la santé et à l’archéologie. Elle collabore avec l’entreprise nantaise UmaniT (www.umanit.fr), dirigée par Laurent Chevreuil, pour développer des méthodes innovantes de détection et d’analyse de la marche chez les patients atteints de sclérose en plaques, à l’aide d’un capteur de mouvement.
Grâce à eux, les maths servent à atténuer les effets de la maladie.
Deux ingénieurs de l’INRIA, Baptiste Fosty et Mélaine Gautier, après avoir mis au point un logiciel d’analyse visuelle et quantifiée de la marche, fondent à Sophia Antipolis l’entreprise Ekinnox. Leur premier produit KintracK (www.ekinnox.com) est un dispositif médical – formé d’un chariot roulant, d’un ordinateur et d’une caméra – à l’attention du personnel soignant exerçant en établissement de rééducation.
Avec eux, les maths servent à remarcher.
Les défis de l’intelligence artificielle (IA)
Une autre table ronde a été consacrée à l’importance des mathématiques dans l’intelligence artificielle. Quatre spécialistes du sujet issus du monde de l’entreprise ont présenté les différents défis liés aux mathématiques et l’analyse de données :
Mérouane Debbah, de Huawei (voir entretien avec lui « Les mathématiques de la 5G »), Patrick Perez, de Valeo, Jérôme Lacaille, de Safran (ex SNECMA), et Johann Foucher, de Pollen (voir brève ci-dessus). Les sujets abordés étaient larges : surveillance des moteurs, capteurs automobiles, conduite assistée jusqu’à la voiture autonome, réseaux de télécommunication. Parmi les défis à relever, celui de l’explicabilité des algorithmes d’IA.
L’opportunité extraordinaire pour les matheux a été mise en avant.
Mais attention ! Pour la première fois, le besoin concerne des mathématiciens qui acceptent de s’investir dans le concret. Trop souvent, auparavant, les mathématiciens n’atteignaient pas cette étape. Sous cette condition, la demande de recrutement est forte, les profils recherchés allant du Master ou ingénieur au docteur.
Les meilleurs mathématiciens sont en voie d’être débauchés, tant la pression est grande, avec des offres financières qui font parfois rêver.
