
Maximum et minibus, il est maxi Docteur Schweitzer
Dans la langue de Cicéron, ces termes sont des superlatifs irréguliers employés au neutre. On devine clairement que « maximum » provient de magnus et signifie « le plus grand » et « minimum » de minus, soit « le plus petit ». L’adjectif latin externus (ou exter) qualifie ce qui est extérieur, en dehors ; extremum est son superlatif, soit « le plus en dehors ». Quant à optimum, c’est le superlatif totalement irrégulier de bonus ; il l’est aussi en français puisque celui de « bon » est « meilleur », construit sur le comparatif de bonus, qui était melior.
Introduits en français grâce au domaine scientifique, « maximum » et « minimum » sont devenus familiers et souvent abrégés comme dans la chanson de Jacques Dutronc Mini mini mini dans laquelle « maxi » tient aussi sa place.
Maximum : des maths au français courant
Le mot latin maximum a fait son entrée dans la langue française au tout début du XVIIIe siècle, en tant que terme mathématique. Ce n’est qu’au milieu de ce siècle qu’il désigne la plus grande valeur atteinte par une fonction. L’éclosion du calcul différentiel en est certainement la raison puisqu’il a permis de résoudre de nombreux problèmes de recherches d’extremums.
Ce n’est qu’après la Révolution que « maximum » entre dans le langage courant suite à une loi sur les grains, puis dans le langage juridique pour parler des peines encourues. Il s’adjective vers 1830 et de nos jours s’utilise sous la forme abrégée « max » tant en mathématiques que dans des expressions comme « ça m’a coûté un max ».
C’est par l’intermédiaire de l’anglais qu’est apparu le verbe « maximiser » au début du XIXe siècle, d’abord dans le domaine de l’économie puis en mathématiques ; le langage courant lui préfère « maximaliser », terme apparu dans les années 1960.
Doit-on dire extremums ou extrema ?
Le pluriel des mots d’origine étrangère pose un éternel problème dans notre langue. Faut-il utiliser celui de la langue d’origine ou bien préférer tout simplement l’ajout d’un « s » final, comme c’est la règle en français ? Il n’est pas choquant de parler des Länder allemands puisque l’on désigne des territoires typiquement germaniques. Il est au contraire incongru de parler de plusieurs pizze, le mot « pizza » étant considéré désormais parfaitement intégré à notre langue. Pourtant, il n’existe aucune règle précise et, suivant les cas, on passe pour un pédant en utilisant le pluriel étranger ou bien pour une personne de piètre culture en le francisant.
« Maximum », « minimum » et « extremum » étant la forme neutre d’adjectifs de la deuxième déclinaison, leurs pluriels sont en latin respectivement maxima, minima et extrema. Alors chacun est libre et choisit selon sa culture et son environnement. Les météorologues préfèrent le pluriel latin tandis que l’Inspection générale de mathématiques semble opter pour la forme francisée. Tout le monde est cependant d’accord pour éviter de les décliner et de dire par exemple que le maximum absolu d’une fonction est le plus grand de ses maximorum relatifs.
Références
• Dictionnaire historique de la langue française. Alain Rey, Le Robert, 2016.
• Les mots et les maths.Bertrand Hauchecorne, Ellipses, 2003.
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