
Nous percevons les contours et les traits caractéristiques d'un objet grâce à un « truc » de notre système visuel que les scientifiques nomment inhibition latérale, qui est un procédé perceptuel astucieux qui augmente l'intensité des contrastes d'une image à la manière d'un filtre passe-haut et, de ce fait, met en évidence les contours.
Plus étonnant encore, deux simples droites parallèles peuvent sembler converger (ou diverger) si elles sont recoupées par deux alignements de segments inclinés de façon spéculaire. Notre cerveau interprète et « rectifie » incorrectement l'intersection de lignes droites, dites figures induites, avec d'autres lignes obliques situées à l'arrière-plan, faisant apparaître les premières inclinées. Ce genre d'illusion cognitive est connu en anglais sous le nom de twisted cord illusion, soit l'illusion de la corde torsadée, la disposition des segments obliques faisant en effet penser à une corde de brins torsadés.
Effets de perspective et d'ondulation
Certains chercheurs pensent que les raisons de cette « erreur perceptive » doivent se chercher dans notre cortex visuel primaire (également appelé cortex strié) : très probablement, les cellules sensibles à l'orientation, qui codifient et estiment approximativement les angles d'intersection et les différences de luminosité, interprètent la série de petits segments obliques (« texture » de fond) comme une seule ligne inclinée. Dans les deux figures suivantes, les lignes verticales, et parfaitement parallèles entre elles, semblent suivre l'inclinaison de la série d'éléments sur lesquels elles reposent. Avec ce procédé, il est possible de créer une multitude de variantes…
La façon dont le cerveau interprète ce que l'œil perçoit dépend du contexte. Elle dépend également de petits détails qui semblent de prime abord sans importance. De simples points peuvent distraire notre système visuel au point de nous faire croire qu'une ligne parfaitement droite est ondulée. Ces effets de distorsion géométrique peuvent être induits par l'interaction entre une forme de base – ici, un alignement de cases en alternances blanches et noires formant un carré parfait – avec quelques éléments décoratifs distribués à l'intérieur (par exemple, une série de points noirs et blancs, contrastant avec les cases sous-jacentes). L'effet final est époustouflant : le carré a une allure ondulée et torsadée ! L'effet est encore plus spectaculaire dans sa version animée (voir en ligne : youtu.be/DdN-C3oXG-k ).
Dans un sens, les « points » ou petits disques semblent pousser et déformer les bords des cases qui forment le carré et produisent des effets différents, en fonction de la façon dont ils sont positionnés.
Lorsque l'image des surfaces à carreaux se propage dans les couches plus profondes du cerveau, il apparaît une « structure subliminale » de segments noirs obliques qui interfèrent avec le pourtour orthogonal des carrés, créant ainsi l'illusion d'une distorsion géométrique.
Les artistes connaissent plus d'un subterfuge pour distraire votre œil et faire apparaître le monde différent de ce qu'il est en réalité ! Ainsi, la dernière figure montre différentes représentations de lignes verticales qui semblent converger ; en réalité, elles sont toutes parfaitement parallèles entre elles !