
Georges Perec dans la Pléiade !
Voilà Georges Perec l'inclassable devenu si classique qu'il vient d'être classé dans La Pléiade ! Perec et ses jeux avec les mots, Perec et ses structures à contraintes, ses textes en forme de carrés latins, Perec et ses « Je me souviens de la théorie mathématique de la transitivité », « Je me souviens que tous les nombres dont les chiffres donnent un total de neuf sont divisibles par neuf », « Je me souviens des tables de logarithmes », Perec et sa Disparition écrite sans la lettre « e » (lipogramme en « e », Gallimard, 1989), Perec et ses Revenentes écrites sans autre voyelle que le « e » (Julliard, 1997), tout cela dans la plus prestigieuse des éditions. Les ouvrages sont déclinés en deux tomes, Œuvres I et Œuvres II, et peuvent aussi être groupés en deux volumes, sous coffret, de 1 128 et 1 158 pages. « Rien au monde n'est assez unique pour ne pas pouvoir entrer dans une liste » disait l'écrivain oulipien. Il est maintenant lui-même en liste…
Coffret « Georges Perec Œuvres I et II » dans La Pléiade.
Des nombres en littérature
Les données (ou data dans le jargon) viennent de rencontrer la littérature pour nous offrir un panorama sur les « tics » d'écriture de nos contemporains dans l'ouvrage de l'Américain Ben Blatt, à la fois journaliste, écrivain et statisticien, le Mot favori de Nabokov est « mauve » (Nabokov's Favorite Word is ‟mauve”, Simon et Schuster, 2017). Ayant rassemblé une base de données de centaine de milliers de mots, il traque dans son livre les mots, tous les mots, des auteurs connus. Il répond ainsi, via la statistique, à certaines questions récurrentes : quels sont les mots favoris de nos auteurs préférés ? hommes et femmes écrivent-ils différemment? quels clichés utilisent les auteurs de bestsellers ?
Ben Blatt utilise des techniques d'analyse existantes, mais use également des siennes propres. Pour autant, l'ouvrage ne requiert pas de connaissances mathématiques particulières. On y apprend par exemple que Dan Brown, auteur du Da Vinci Code (JC Lattès, 2004), use et abuse de l'adverbe « soudain » ou que Nabokov, comme le titre le suggère, utilise quarante-quatre fois plus que la moyenne l'adjectif « mauve ».
Des résumés bien pensés… mais trop courts
La mode est à l'instantanéité. Il faut acquérir une culture générale mais en un clin d'oeil. Aussi, moult publications (Mathématiques en 30 secondes, Hurtubise, 2012, 3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories mathématiques, Courrier du livre, 2012, 25 théories mathématiques expliquées en 5 points clés, ESI, 2013…) vous promettent de devenir savant en quelques pages. Oubliez les longues heures à essayer de comprendre des concepts difficiles : il vous suffit de parcourir ces publications pour briller en société. Ce magazine emboîte le pas de cette mode et vous propose de vous expliquer cinquante théories (en fait notions mathématiques) classiques ou contemporaines, avec des mots simples. Les articles sont rédigés essentiellement par Marc Bousquet, avec l'aide de Rémi Pin pour les pages sur Léonard de Vinci et Descartes en fin d'ouvrage.
Chaque article se présente sous la forme de deux pages, la première avec un long titre et une image, la seconde avec le corps de l'article et le paragraphe « À retenir » résumant l'article. Comme si expliquer une théorie en une page était encore trop long… Au final, on obtient des résumés et des résumés de résumés. Les termes utilisés sont ceux des domaines. Le travail est bien fait, mais évidemment trop court. Cela permettra à ceux qui n'y connaissent rien d'acquérir un vernis. Les lecteurs de Tangente seront eux déçus par la superficialité des textes, malgré la promesse de la quatrième de couverture : « Chaque concept mathématique devient accessible à tous. » Mais si la cible est constituée des réfractaires aux maths, l'ouvrage peut leur donner envie d'en savoir plus et ce n'est déjà pas si mal…
Les dossiers clés de la science 14
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