Un sculpteur de polyèdres à Paris


D. et R. Ferréol

Dans le "village Saint-Paul" à Paris se trouve une boutique appelée Cabinet de curiosités géométriques, où s'accumulent de nombreux polyèdres. Le maître des lieux, Sylvain Calvier, a été contacté par la rédaction.

 Naissance d'une passion géométrique

« Je n'ai pas reçu de formation en géométrie ! Aujourd'hui, de manière régulière, je vends des photos anciennes. Je travaillais auparavant dans l'art contemporain, je peignais et sculptais mais n'étais pas satisfait du résultat, j'étais dans une impasse. J'ai longuement réfléchi, cherchant à avoir un langage universel. La géométrie s'est alors imposée. J'ai lu et consulté beaucoup d'ouvrages. J'ai aussi acheté des livres d'art et de géométrie (du XVIe à aujourd'hui). J'ai ainsi remonté le temps… jusqu'au Néolithique ! J'ai pu étudier, à travers les motifs géométriques, différentes civilisations. Mon idée est de constituer une arborescence, montrer par différentes voies comment certaines formes se recoupent, ont des similitudes. »

 

La terre comme matériau de prédilection

« Le travail des matières habituelles, pierre et bois, était pour moi difficile. J'ai rencontré des artisans et des professionnels ; il m'aurait fallu des années pour comprendre et réussir à travailler comme eux. Alors j'ai alors cherché un autre matériau à travailler, plus simple, et j'ai trouvé : la terre. Je conçois donc des polyèdres en terre. Toutes les autres pièces de l'atelier, en pierre et en bois, ont été réalisées par des artisans avec qui je suis en contact [NDLR : notamment le sculpteur et tailleur de pierre François Dejeumont, qui réalise des polyèdres exceptionnels en marbre ou en grès du Gers]. On trouve également des pièces anciennes que j'ai achetées. Pour travailler, je ne me sers pour sculpter la terre que d'un couteau de cuisine ! Je la laisse sécher puis la cuis pour assurer une plus grande solidité. Tous mes polyèdres ne sont pas parfaits, il y a des écarts, parfois, dans l'ajustement. Les terres utilisées peuvent être de différentes couleurs. Le travail de la terre est très agréable, les erreurs sont peu dommageables, il suffit de recomposer puis de recommencer. C'est une expérimentation continuelle. Je ne copie pas : je peux regarder un objet, mais après c'est la main, l'outil, la matière, un tracé qui guide et fixe le trait. » 

Un parc d'attractions géométriques !

« Mon idée finale est de céder le tout pour créer un “cabinet de curiosités géométriques”. Il y aurait des objets et de la documentation dans une même pièce. Il faudrait trouver un château que les gens visiteraient ; il y aurait des pièces dans une salle avec des commentaires, et d'autres dans le parc. On pourrait y organiser des colloques ! Dans ma vision la plus utopique, je verrais un parc d'attraction dédié à la géométrie… » 

 

Retrouvez les créations et les projets de Sylvain Calvier à sa galerie, Polysphe, 21 rue Saint-Paul, 75004 Paris, et sur son site.

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