Le logiciel APB


Gilles Cohen et Bertrand Hauchecorne

Un logiciel répartit les étudiants fraîchement reçus au baccalauréat en fonction de leurs voeux. Mais l'opacité de son fonctionnement autorise un certain nombre de craintes.

APB : admission post bac 

Le logiciel APB (admission post bac) a été créé en 2009 sur l'ensemble du territoire français, mais il existait, en particulier pour les affectations en région parisienne, des logiciels (comme RAVEL) qui permettaient de mettre en concordance les vœux des bacheliers et les places disponibles dans les établissements du supérieur.

Le principe : les lycéens de Terminale (ils sont près de 800 000) s'inscrivent très tôt (la date limite avoisine le 20 mars) et disposent de deux mois pour compléter les éléments de leur dossier, l'envoyer par la poste et hiérarchiser leurs vœux. Au 31 mai, chacun d'entre eux doit avoir émis jusqu'à 24 souhaits (c'était 36 jusqu'à l'an dernier) pour intégrer une prépa, un BTS, un IUT ou une université, dont 12 au maximum par type de formation. Autre nouveauté 2016 : les lycéens doivent choisir au moins l'un des cursus « non sélectifs », pour limiter la tendance à ne sélectionner que des filières très demandées et se retrouver sans affectation.

 

Les dossiers sont ensuite examinés par les institutions d'accueil, selon un algorithme peu transparent (voir ci-dessous), à la fois en ce qui concerne l'ordre dans lequel les dossiers sont soumis aux établissements et la pondération des différents éléments des dossiers, auxquels s'ajoute l'évaluation faite par les établissements d'accueil. Une première phase d'admission est réalisée avant le 13 juin. La procédure continue ainsi jusqu'au 9 septembre.

 

 

APB et l'entrée à l'université

Il n'y a aucun problème pour les lycéens qui choisissent pour premier vœu une filière universitaire peu demandée. Les choses deviennent plus ardues pour ceux qui souhaitent entrer dans une filière sélective (classes préparatoires, IUT, BTS, ou des filières universitaires très demandées comme la psychologie, le droit, la médecine (PACES) ou le sport). On pourrait augmenter les capacités d'accueil, direz-vous. Est-ce la solution quand ces filières ont beaucoup moins de débouchés que d'inscrits ?

Or, la loi interdit toute sélection à l'entrée de l'université. Ainsi, un choix s'appuyant sur les résultats en classe de Terminale (ou au bac) serait certainement annulé par le Tribunal administratif. Alors que fait APB ? Il tire au sort, paraît-il ! Comment ? Nul ne le sait !

Pour éviter ce phénomène, le ministère a imposé cette année une extension géographique automatique du choix dans les filières tendues (enseignement analogue). Ainsi, un étudiant demandant Orléans peut-être admis à Brive ou La Rochelle dans une formation analogue, annulant automatiquement des vœux plus proches de chez lui.

 

Il est grand temps qu'un outil clair de sélection, tenant compte des compétences des candidats, soit introduit par la loi. Ça éviterait les dégâts psychologiques sur des étudiants qui se sont mal aiguillés ; ce serait aussi de colossales économies budgétaires…

 

 

Qui connaît l'algorithme d'APB ?

Tout juste sait-on que l'ordre dans lequel les lycéens émettent leurs choix est fondamental, puisqu'une proposition d'admission élimine automatiquement les vœux de rang inférieur. Mais cette information ne donne pas assez de renseignements pour permettre de définir la meilleure stratégie. L'élève a-t-il intérêt à placer en premier son vœu réel ou la filière où il a le plus de chances d'être admis ?

 

Autres points obscurs : la pondération des différents éléments du dossier, comme le niveau du lycée d'origine. En l'absence de réponse claires, tous les fantasmes sont permis.

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